La petite fille coincée dans le corps de la vieille dame
« Pourquoi n'utilises tu pas la formule ? » demanda Samoudaï.
« Allez, fait un effort, répète après moi : Sin Ovo Zdi Zen Occuality . Allons, c'est très simple ! »
Extrait
J'ai écrit ce conte dans l'idée qu'il pourrait être publié ou jouer sur scène.
Ezi ne comprenait pas un traître mot de ce que ce jeune garçon, posté devant elle, lui demandait. Elle sentait la tristesse mélangée de colère, envahir le jeune homme.
Il ne semblait avoir que 12 ans et pourtant il paraissait si décidé, cela faisait maintenant un bon quart d'heure qu'il lui demandait de répéter cette formule entrecoupée de : « souvient toi Zio, je suis Samoudaï du clan des Hiroshi horo, célèbres pour le maniement des pierres magiques. Tu ne te souviens de rien ? »
Malheureusement la veille dame ne comprenait toujours pas pourquoi et surtout comment il était entré chez elle. Le jeune garçon avait sorti trois pierres, qui ne ressemblaient à rien de ce qu'elle avait déjà vu.
« Regarde, il suffit de dire « Bro Zaou Far ». »
Une lumière bleutée sortit des pierres et semblait maintenant les recouvrir.
« Souvient toi. » Mais pourquoi insistait il tant ?« Allons réveille toi Zio, réveille toi !»
Mais Ezi avait détourné son regard vers l'armoire qui contenait les innombrables babioles glanées et accumulées dans de nombreux voyages inutiles. Le monde, avait-elle conclu, se visite, se foule mais le fait est que de toute façon, on revient chez soi tôt ou tard, et que voyager ne fait que rendre tout cela imperceptiblement amer, car l'espoir de repartir trahit la peur de connaître le seul endroit au monde qu'il faudrait connaître pour accepter pleinement l'idée de vivre. Ce qui la troublait maintenant c'était que les petites fenêtres vitrées lui reflétaient ses rides profondes et discontinues qui venaient parcourir son visage. Elle avait l'air si vieille ! C'était-elle autant habituée à son visage qu'elle ne se reconnaissait même plus ? Pourtant ce garçon lui parlait avec la fougue de l’amitié, quelque chose en lui, lui donnait l'impression qu'ils se connaissaient ou qu'ils avaient passé le plus clair de leurs temps ensemble.
Mais quel nom étrange quand même, « Samoudaï ». En se retournant vers lui, elle ne se souvenait pas si elle lui avait ouvert la porte. Avait-il sonné ? Elle ne s'en rappelait plus. Encore un élément qui va avec le fait de vieillir, se disait-elle.
Il n'y a pas que le reflet de la vitre de son armoire à bibelots, qui trahissait son âge, sa mémoire aussi.
« Allons Zio, fait un effort répète après moi :« Ovo Zdi Zen Occuality » . Mais pourquoi ne veux tu pas le faire ? Je sais que tu as perdu la mémoire, il te faut juste le dire en même tant que moi. »
Voilà que des larmes coulaient sur les joues de Samoudaï. Quel étrange garçon quand même se dit-elle. Pourquoi pleure t-il ? En le regardant d'un peu plus près, on aurait dit un jeune indien. Il lui manquait juste une plume dans les cheveux et un cheval,.
Oui, elle l'aurait bien vu sur un cheval tacheté. Ses vêtements étaient plutôt étranges entre le short et sa petite sacoche d'où il avait tiré des pierres étonnamment minuscules, mais ce qui l'avait surprise c’était que lorsque qu'elle le regardait fixement, la pièce semblait légèrement plus lumineuse.
« Tu ne te souviens pas de l'île, du barrage, du rocher ? » Samoudaï reniflait au moment où il disait ça.
Il était clair pour Ezi que le barrage avait toujours attiré son intention, teinté d'une légère fascination. Elle avait toujours imaginé que quelque chose de mystérieux s'y trouvait.
Son père lui en avait parlé, mais elle ne se souvenait plus non plus : que disait il déjà ?
« Bien, repris Samoudaï, je dois peut-être commencer par le début ».
Il s'installa dans le grand canapé qui sembla s'éclairer comme si les couleurs avaient été ravivées par sa présence.
« Tu es née à Bizanbrose, dans la célèbre cité des Aristhopanes où il y a un grand château, dans le centre duquel étudient les mages connus de tout les royaumes pour leur érudition. Ils écrivent par le biais de plumes magiques l'histoire du monde de Bizanbrose.
Il y a aussi les pages de Ruben, conseillés des Pentommes, qui sont des monarques au service du roi. Les chevaliers Delscion, les gardes qui protège le roi de Bizanbrose. qui vivent à Bolso le quartier bleu, et il y a aussi les Dornires du quartier azure qui commercent avec les autres contrées.
Ensuite, les familles qui divisent notre monde. Chaque famille possède un pouvoir magique qui est celui d’écrire des formules, on ne les énonce pas, on les écrit. Chacune a ses spécificités : certaines maîtrisent les pierres, le papier, le bois ou le fer. La plus puissante est celle qui maîtrise le papier.
Ta famille, dont le nom est Galva, ainsi que toutes les autres, se doivent de protéger le royaume de Bizambrose. Il ne s'y passe pas grand chose c'est vrai, mais il reste quelques contrées encore inexplorées...